Thomas Fersen – Marie-des-guérites lyrics
Chaque jour à la caserne
Je trace un petit bâton
À la craie sur la cloison.
En attendant un jour de perm'
Pour n'pas mourir à la tâche
Dans ma vareuse pistache
Je cache mon existence
Dans les lieux d'aisance.
Et dans ce repli du monde
Ma pensée vagabonde
Avec une marguerite.
J'attends Marie Des Guérites.
Au Conseil de Réforme
Je m'suis présenté en forme
En forme de grand échalas
En dépit de mes pieds plats.
J'suis passé sous les drapeaux.
J'suis passé sous les ciseaux
Sous la tondeuse et la toise
Et le petit toit d'ardoise.
Et dans ce repli du monde
Ma pensée vagabonde
Avec une marguerite.
J'attends Marie Des Guérites.
En attendant qu'elle inspecte
Mon petit établissement
Je nettoie, je désinfecte
Jusqu'à l'éblouissement.
Nue sur une peau de bique
Elle fait l'objet d'un tableau.
L'objet d'une mosaïque
Cachée derrière la chasse d'eau
Et sur ce beau brin de blonde
Ma pensée vagabonde
Avec une marguerite.
J'attends Marie Des Guérites.
Un an a tourné en rond
Dans le carré des saisons
Et dans les commodités.
J'ai le temps de méditer
La morale des dictons
Qui fleurissent sur les murs
Et dans l'esprit des griv'tons
Malgré l'action du bromure.
Et dans ce repli du monde
Ma pensée vagabonde
Avec une marguerite.
J'attends Marie Des Guérites.
Il paraît que Diogène
Habitait dans un tonneau.
Moi, mon prénom, c'est Eugène.
J'l'écris dans les goguenots.
Parmi les dessins obscènes
Qui constellent la paroi
Je fais des petites croix
Pour chasser le cafard d'ébène.
Et dans ce repli du monde
Ma pensée vagabonde
Avec une marguerite.
J'attends Marie Des Guérites.
Chaque jour à la caserne
Je trace un petit bâton
À la craie sur la cloison.
En attendant un jour de perm'.
À cause d'un obus sans gêne
Sur la cabane à Eugène
Ma carrière de biffin
Brutalement, a pris fin.
Et sur le chemin de ronde
Mon âme vagabonde
Sous une marguerite.
J'attends Marie Des Guérites.